Et quoi ?

Je sais pas... je ne sais plus devrai-je dire...

On s'en fout du s... y a t-il seulement un s ?

Je ne sais plus de quoi j'avais en tête d'écrire...

Je m'en fous... non, je m'en fous pas...

Alors c'était quoi ?

J'ai envie de sucreries... j'ai tout bouffé... comme d'hab, d'un seul coup... m'en fous, c'est mes sucreries... c'était mes sucreries...

Sans sucreries la vie n'a aucun sens...

Sans saleries non plus...

Sans sens la vie n'a aucun sens... c'est quoi le sens de la vie ?

Le sens de la vie c'est le sucre et le sel qu'on y met...

Parce qu'en plus c'est à nous de mettre du sel ou du sucre dans la vie ?

Parce qu'en plus on doit fairer l'effort de vivre ?

Mais qui a dit, ou dit, ou dira peut-être, qu'il faut du sel et du sucre dans la vie ?

et l'effort de vivre ? Ca veut dire quoi ?

Laisse pisser le mérinos, l'a pas demandé à être emmerder la bête... t'occupe pas du reste, te mêle de rien, suis ton bonhomme de chemin... t'as assez à faire comme ça !

Revenons à nos moutons (le mérinos on lui fout la paix)...

Je fais pas la dépression, soyons clair... j'écris sans réfléchir... et encore, c'est pas vrai... faut un minimum de réflexion dit le miroir en regardant son avenir...

A part ça ?

L'écran blanc éclaire le clavier noir... les lettres s'effacent... pas toutes, certaines... je connais un peu mon clavier... mes doigts se dirigent directionnellement plutôt bien... je tape pas vite... je pense que je sais où je touche si déjà je sais pas ce que je désire... je parle d'écriture bien sûr... de quoi d'autre ? J'aimerais parler abstrait... me mystériser... ne pas me comprendre quand je relis mais trouver que ça sonne bien dans ma tête... promener mon esprit comme on marche le long d'un long quai de gare avec pas beaucoup de monde qui marche le long du long quai dans tous les sens... sans traverser les voies parce que c'est interdit... prenez le tunnel... j'arrive à la fin du tunnel qui se finit serré et j'arrive au milieu de la falaise... sous moi la mer et les vagues un peu hautes, un peu méchantes... je vois le ciel nuageusement mobile... le vent y est pour quelque chose... je me dégage la tête et suis vent ou ne sais qui... surplombe tout ça, plane au-dessus... marche sur le ciel... tenir l'atmosphère sous ses pieds... je me retrouve sur la terre, sur le quai, de l'autre côté... détournement de personne dans le tunnel c'est ce que je subissais... le clavier est toujours noir, éclairé par l'écran toujours blanc... 

Qu'est-ce qu'il est bon mon café !

Qu'est-ce que je fais debout à cette heure ?

Je me suis couché vers 20 heures et je me réveille à 4... et y est pas 4 heures, y est 1 heure... comme j'ai pas de lumière dans le salon/cuisine, que je voyais que par la lueur naissante de l'écran, j'ai cru voir 4 sur le réveil-matin qui sonne quand il en a envie les matins de la semaine...

Et pourquoi j'ai pas de lumière ?

Une loupiote m'a lâché, j'ai voulu changer... l'ampoule dans le vide tournait et vint le chapeau chinois qui sert d'ombre à l'ampoule... enfin le bordel quoi, tout le truc... c'est où je visse l'ampoule ? J'ai un cable qui pend du plafond avec une sous-tasse en plastique au bout faut pas la clipper plutôt l'ampoule ?

De toute façon je sais jamais si l'ampoule est à visser ou à cliper (deux p ?)...

Ouais, bon on oublie...

Ensuite y a eu l'autre qui me fait le coup... elle aussi me reste dans les mains avec l'abat-jour de plafond...

Mon second café est encore meilleur !

Bref j'ai trouvé la solution : Je vais faire venir un professionnel, quelqu'un qui s'y connait... je le fais venir en plein jour sinon il voit rien...

M'en fous... je fais rentrer vingt mille Euros sur mon compte-courant... j'ai décidé de commencer à dépenser mes sous de côté...

Tuti a plus ou moins quinze millions de Roupies de côté qui en Euro font pas grand-chose... elle a  quand-même un terrain à Curup sur lequel on bâtira notre maison quand on retourne là-bas à ma retraite... 

C'est dans nos projets... m'enfin pour l'instant elle est là-bas et moi ici... alors une chose à la fois, ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué... d'abord le mariage, les papiers par les ambassades de chacun, le visa pour sa venue... ça parait simple comme ça...

Quoi qu'il en est, ce n'est qu'hier que j'ai envoyé quelques papiers à l'ambassade d'Indonésie... quant à Tuti elle fait faire sa carte d'identité et son passeport...

Ce n'est que hier... ce n'est qu'en septembre dernier que j'étais en Indonésie... Tuti et moi ça fait une dizaine d'années qu'on se connait, alors c'est pas un coup de tête...

Bon d'accord, on s'est vu "in real" qu'en septembre pour la première fois... c'est pas une raison !

C'est pas une raison et c'est bien simple... quand nous étions ensemble, tout ce que faisait Tuti c'est ce que fait une épouse pour son mari... moins le côté intime, bien sûr... on batifole pas avant le mariage... on est en Indonésie, on est pas en pervertie Europe Occidentale...

On est perverti en Europe ?

Ben non voyons !

Ah ouais, j'allais dire...

Et puis sa famille m'aime bien, ses petits neveux et nièces (les grands aussi) ont hâte de me revoir...

Je suis pas accepté parce que je suis Européen et flouzé... je leur ai dit : En Indonésie je suis riche, de retour en France je fais attention comment je dépense mes sous...

Les vingt mille Euros c'est parce que j'en ai marre d'attendre le bon moment de faire rentrer des sous comme la participation aux bénéfices de l'entreprise... alors j'ai été voir la banquière, je lui ai dit j'ai encore 4 ans à attendre avant de disposer mon argent et c'est quoi qu'il arrive si j'en veux un peu maintenant ? Elle me dit je suis imposable sur les intérêts... cool quoi !

Mais c'est pas pour dépenser n'importe comment...

Autre chose ?

L'hiver... faut que j'achète les vêtements adéquats pour Tuti... faut que je trouve les horaires des bus, rares, qui vont à Mulhouse ou Guebwiller... l'autre jour je regardais pour le bus pour Guebwiller et j'ai pas trouvé... pas vu, y en a pas... pas bien regardé alors ?

Pas grave y a la gare à Bollwiller... y a pas de gare à Guebwiller, tant pis on ira passer une journée à Strasbourg... ou Mulhouse, ou Colmar...

Ouais bon, on est pas encore là... concentrons-nous sur les papiers administratifs parce qu'on est pas sorti de l'auberge...

Mais avant mon café au lait et ma baguette...

Une chose à la fois quoi...

C'est que je me fais un petit goûter... à 14h30...

Voilà, j'suis plein... j'passe pas la ligne puisque le passage de ligne marche pas...

Ca continue titrais-je... qu'est-ce qui continue ?

Moi ! Ma vie, mon oeuvre, mes passions, mon bonheur de vivre, mes voyages, mes projets, mes projets de voyage, mon argent à venir et mon pognon dépensé...

Tout, quoi, comme dirait l'autre...

Qu'est-ce que j'ai pas raconté de mon séjour indonésien ?

Le jour de mon départ du retour, le 23 septembre, le 22, j'sais plus, à l'aéroport, j'ai bien fait attention que personne il glisse un truc dans mon sac, mes sacs, enfin un seulement après que l'autre soit enregistré... on sait jamais, des fois qu'une personne mal-pensante y glisse un paquet de poudre blanche... et ouais, c'est pas une blague, c'est arrivé...

Tiens, juste pour dire, un français en vacance à Bali s'est fait prendre avec un gramme et demi de haschich sur lui... trois ans et demi de prison...

Bien sûr, avec l'aide d'un avocat, je pourrais prouver mon innocence mais ça prendrait du temps... en attendant ils me gardent...

Pas envie de faire du tourisme carcéral...

Bon, n'anticipons pas...

Le jour de mon départ donc, nous étions assis sur un large banc, Tuti, sa belle-soeur Sri et moi à regarder les gens s'affairer, à boire le café du thermos, à parler que de choses agréables...

Vint ensuite l'heure du départ... je passe la ligne avec mon petit bagage et je me retourne pour saluer mes amies... elles pleuraient... Bruno tidak pergi, tinggal bersama kami, anda akan lebih bahagia di Indonesia adalah disaient-elles...

Non j'déconne... elles avaient de larges sourires... elles ont quand-même pas dit Itu lebih memilih untuk melihat tumitnya hanya ujung sepatunya ? Non, je déconne encore...

Je passe la machine à voir à travers les sacs, je me retourne encore et salue encore mes amies... puis je suis le long couloir jusqu'à la douane...

Beaucoup de comptoirs, un côté pour les étrangers, un autre pour les indonésiens... présentation du passeport, le douanier sourit pas... il se dit encore des devises qui seront pas dépensées chez nous... t'en fais pas je reviens bientôt...

Bientôt c'est juillet 2012... ben ouais, faut bien que je fixe une date... je crois que je passerais pas mal de temps à Curup cette fois...

Je vais revoir mes potes... et mes potines...

Une fois la douane derrière moi je passe un guichet et me retrouve dans la zone d'attente... une heure d'attente... bon, elle est où la chambre à gaz, là d'où qu'on peut fumer ? 

Je demande à un gars en uniforme qui me dit c'est là... c'est un café et il faut sortir de la zone d'attente... donc quand je reviens je repasse le guichet... ben ouais, bon d'accord...

Tant qu'à faire je prends un grand café au lait... 4,50 US$, ben mon vieux... on me rend la monnaie en Roupies... ça fera un souvenir...

En sortant du troquet je dis à la serveuse que je suis heureux de mon séjour dans son pays et je lui raconte ma vie en cinq minutes et en anglais...

Dans la zone je regarde par la baie, il y a un Boeing... je demande au gars qui prend une photo si c'est notre avion... il dit oui puis s'aperçoit de mon accent français... il est belge... merde, pensé-je, pas d'bol... non, j'déconne...

Bien sûr qu'il est français mon accent, le français c'est ma langue maternelle... le ch'timi c'est ma langue d'adoption, je suis de Boulogne-sur-mer...

Et voilà qu'on va tous dans le gros avion... le retour s'amorce...

Et ça me fait vraiment chier ! 

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Ouais c'est bien ça...

C'est là qu'a été prise la photo d'Intermède Imagère...

Les piliers du préau, ou quoi que ce soit qu'on peut l'appeler, était couvert de graffitis... et sur celui à gauche en bas j'ai écrit Bruno est passé et j'ai mis la date...