Je me réveille avec la jambe qui me... qui me je sais pas quoi... qui me tire, qui me pèse, qui me stagne... je tourne, la passe dessous l'autre, dessus, la soulève sans y parvenir, la frotte sur le drap, la gratte...

Je dois drôlement bouger puisque Tuti se réveille, me demande si ça va...

Ca va mens-je, ou ça ira mens-je véritablement, bougé-je encore la jambe...

Je lui demande de pointer sa petite loupiote sur la pendule... une heure vingt... je lui demande de pointer sa petite loupiote sur mes chaussettes pour les voir tant que je les enfile...

Je me lève, pas trop difficile de marcher...

C'est sûr, c'est la seconde et dernière nuit que je dors les jambes à plat... elles doivent être surélevées, même si peu, surtout la malade...

J'ai ouvert le velux au-dessus de moi, ça fait du bien...

S&rieusement, qu'ils sont chiants avec leur deux mois de préavis... un mois ça suffit, non ?

Vingt jours de congé payé à soustraire, l'arrêt maladie, ça m'emmène à rester à la maison et de faire les choses que j'ai à faire pour débuter une retraite dans les règles...

Je viens de faire un tour sur légifrance, le site de la législation en France, et, pas de bol, c'est bien deux mois...  

Je dis ça, je dis rien...

Le toubib me le rallonge de 15 jours... pas mal déjà... comptons 20 jours pour valider mon dossier... les 15 jours seront dépassés... faut deux mois de préavis... le toubib me le rallongera-t-il de nouveau ? De combien ? Mon dossier sera-t-il validé lors de cette nouvelle rallonge ? Et ça veut dire quoi valider ? La date officielle du jour de mon départ ? C'est le 1er juillet mon premier jour de retraite... normalement... vais-je démarrer le 1er septembre, et pour rattraper le retard, toucher 3 mois de pension ? Emballe le chocolat... j'ai tout fait dans l'ordre et dans les temps ! C'est pas moi qui a mangé le pangolin...    

Ce qui devait prendre 3 à 4 mois en a pris pas loin de 6... je dois maintenant attendre entre 16 et 19 jours... ce qui m'amène, si le virus en fait moins, au 8 et 11... puis, longtemps attendre, les papiers... de là 2 mois, amputés de 20 jours...

Je crois que j'ai bon...

Je peux peut-être ranger les papiers ?

Au moins ceux dont je suis sûr que l'affaire est terminée ! 

Je me retiens de ne pas insulter d'un coeur joyeux :

Les autorités chinoises,

L'assurance retraite,

La poste,

La CAF,

et ma jambe...

Les autorités chinoises, connues, on sait pourquoi...

L'assurance retraite pour me laisser dans l'ignorance...

La poste que depuis le temps ils ont réglé les problèmes, non ? D'un autre côté y a peut-être pas de courrier postal pour moi...

La CAF que je les ai mailé que je touche des sous que peut-être, eux de la CAF, ils peuvent arrêter de m'en envoyer et qu'ils répondent pas...

Ma jambe qu'elle fait des trucs que je sais pas d'où ça vient... 

Alors je fais quoi ?

Ma tension est à 12... c'est bon ça !

Pourquoi elle est pas à 17, que le docteur me mette en arrêt ?

Il m'a mis en arrêt pour cette semaine, à cause de l'ulcère jambien... et ensuite ? Ca va pas guérir comme ça !

Et mes papiers, hein ? Ils arrivent mes papiers ?

Et l'argent auquel j'ai droit, ce fameux partage d'un petit morceau des bénéfices de l'entreprise, les 14000 €, faudra attendre trois mois pour les toucher, après en avoir fait la demande ?

D'ici là que l'Indonésie ouvre de nouveau ses frontières, il me restera  pas beaucoup...

Et ma jambe ?

Je peux pas rester assis trop longtemps, je peux pas rester debout trop longtemps, je peux pas marcher trop longtemps, je monte plus facilement les escaliers que je les descend, je roule facilement à vélo (ça c'est bien) mais j'y monte ou en descend comme un petit grand-père...

Tout allait bien, depuis le temps, avec mes chaussettes à varices, et voilà que mon sang, ce con, vient faire un trou en bas de ma personne !

Et les deux mois de préavis ? Deux mois de préavis !

Paraît qu'une entreprise demande le préavis qu'elle veut !

Salopards de capitalistes de merde !

Si c'était pas pour les chauves-souris et les pangolins, innocentes victimes d'un péril jaune lobotomisé par la révolution culturelle, bouffés comme un paquet de pop-corn, j'en serais pas à me plaindre...