Il est 22.33 et il est pas tard...

Départ pour l'aéroport à 13 heures dimanche, arrivée à Jakarta à 17.55 heure locale, lundi... retour le 29 juillet au matin... le lendemain boulot... normalement Tuti arrive début septembre... j'espère...

Je l'ai fait, je le refais donc le voyage en Indonésie...

Je connais pas l'aéroport de Munich par où je passe cette fois... si c'est comme celui de Francfort avec des panneaux, des couloirs, des sièges, des journaux gratuits, des pièces à fumer, des magasins, des bars, des restaurants, des gens qui attendent, des gens qui marchent, qui bougent pas, qui discutent, qui fouillent dans leurs sacs, qui lisent, qui regardent sans rien dire, qui regardent sans voir, qui regardent leurs pieds, qui somnolent, qui téléphonent, qui pianotent sur leurs téléphones portables, qui pianotent sur leurs ordinateurs portables, qui soupirent, qui trouvent le temps long, qui trouvent que le temps passe vite, qui trouvent que le temps passe normalement, qui regardent les avions par la fenêtre, qui regardent dehors, qui tournent en rond pour se dégourdir les jambes, qui lisent et relisent leurs billets d'avion et leurs passeports, qui recomptent leur argent, qui se grattent, qui regardent les horloges, qui attendent l'appel de leurs vols... alors je serai pas dépaysé...

C'était un rêve qui commence bien...

Je me faisais une joie, enfin le jour du départ est présent... A moi l'Indonésie !

Je me voyais déjà à bord du téléphérique qui est une grande roue comme on voit dans les fêtes foraines m'emmenant à Londres... ou une roue qui est téléphérique... pourquoi à Londres si je pars de Bâle-Mulhouse ?

J'en sais rien moi, faut passer par Londres dans mon rêve... comme ce rêve de l'autre fois où je passais par Le Caire direction Jakarta...

Enfin bref me voilà tout content que je vais cherche mon billet dans mon sac et que je le trouve pas... où qu'il est le billet hein, où il est ?

Je te vous vide le sac, je te vous fouille les grandes et petites poches, je te vous découpe les doublures, je te vous fais le même du sac qui va en soute, je te vide les armoires, les tiroirs, le dossier métallique, je te vous fiche tout par terre... d'ailleurs c'est bien simple, les portes elles étaient même pas ouvertes... elles étaient arrachées...

Qu'est-ce qu'elle va penser Tuti quand elle me verra pas à l'aéroport ? Il faut que je la prévienne...

Non ! Je vais tout de suite acheter un autre billet...

Le voyagiste est ouvert ? Il est quelle heure ? On est quel jour ?

Il est pas fermé ?

Et je me réveille... deux secondes de flottement... c'était qu'un rêve... j'étais en sueur...

En sueur ! Y avait que le dos, et pas tant que ça...

Et puis il faisait un petit peu chaud... 

Etre ou ne pas être virgule telle est la question trois points de suspension à la ligne whether t'is the arrows of the mind ou un truc comme ça qui cause de mort, de sommeil sans rêve, ou avec rêve si on a du bol (perchance qu'il dit William dans le texte)...

Ce soir je me sens en accord d'une tragédie que je veux essoufflante, car sans souffle point de vie, et sans vie point de voilier qui vogue au gré de l'eau de mes mémoires lascives...

Je dois penser à voir si lascive ça s'écrit bien comme ça... faut voir ce que ça veut dire aussi...

Faut peut-être voir si ça existe...

Et puis hein ! Qui nous interdit d'inventer des mots ?

Coiner, aller au coin. Coin-coiner, faire le canard. Coner, faire le con. Coin-coner, être con comme un canard.

Ah le salaud, écris-je à mon cerveau, un canard n'est pas con mais juste un peu cancanant en dansant le can-can s'il peut...

Parce que can c'est peut en anglais... vous savez : We can, on peut... bien que we c'est pas on mais nous, et can c'est aussi pouvoir (l'infinitif) m'enfin on va pas chipoter...

C'est d'un calme olympien ce soir, j'ai chaud dans le dos et me demande si c'est pas au lit que je dois aller...

Que ferait Shakespeare à ma place ?

Oh là ! Aubergiste ! S'écrierait-il en se tournant vers l'aubergiste, apporte-nous donc deux chopes de ton meilleur vin et laisse donc la bouteille sur la table...

Y avait des bouteilles au temps de Shakespeare ?

J'ai mis bouteille parce que je suis pas certain que je peux dire cruche... une cruche de vin ça se dit ?

Surtout si près du samedi à l'heure où j'écris...

Nous voilà, Will et moi, assis face à face, la plume dans une main et la chope dans l'autre, une feuille de papier devant chacun, un encrier solitaire pour deux, à boire et écrire chacun notre tragédie...

Il trempe sa plume dans mon vin...

Complétement bourré le mec...

Je lui place ma droite direct, laisse tomber ma plume qui s'écrase sur le sol avec un bruit de fût et Shake secoue sa tête qui tombe sur la table avec un bruit de tête qui tombe sur la table...

C'est intelligent lui dis-je en sortant une Marlboro de son paquet pour l'allumer... la cigarette, pas Shakespeare...

On fume pas dans les lieux publics m'interpelle l'aubergiste... la loi n'existait pas en ton siècle lui réponds-je... les Marlboro non plus me réplique-t-il...

Que répondre à ça ?

C'est alors que Speare se réveille de son coma, crie Juliet what's in a name, boit l'encrier et s'envoie le vin dans l'oreille... puis il me fixe de son regard de tragédien pour me dire qu'il va écrire une comédie : L'histoire d'une femme qui fait bouffer ses fils en pâté à leur père, ou un mec qui ... à leur mère... 

C'est Samedi je dis au bituré... time to go to sleep...

Hier soir j'ai regardé La chute, les derniers jours d'Hitler dans son bunker... à la fin il se flingue mais c'est pas la fin du film qui finit après... ce que j'ai pas aimé c'est la mère Goebbels qui empoisonne ses enfants pendant leur sommeil pour ensuite se suicider avec son mari qui la flingue avant de se flinguer...

Complétement tarée la Goebbels... pire qu'Adolf... Adolf était hystèrique, colérique mais elle, elle bat le record la pétasse... elle a crevé c'est bien fait pour sa gueule... elle aurait du crever à petit feu, minuscule, brûlée vivante à coup de brindilles incandescentes...

Sans leur chercher d'excuses, Hitler avait une idéologie et Goebbels était son plus grand fan et donc ils faisaient partie de ceux qui perdent tout car à la fin ils ont que dalle... 

Mais alors la Goebbels ! Elle fait mourir ses gosses pour qu'ils n'aient pas à vivre un avenir sans national-socialisme... oh putain l'idée !

Ils étaient innocents ses marmots, n'avaient rien à voir avec tout ça, n'ont jamais su, à part les bombes qui leur tombaient dessus et les soldats qui se battaient, ce que leur père et Tonton Hitler, comme ils l'appelaient, faisaient... et leur mère... un cas psychiatrique leur mère, elle aurait jamais du faire de gosses... ils seraient pas morts jeunes ses enfants, elle les aurait pas assassiné...

Deux soirées avant ça j'ai regardé Garfield, le film, le numéro deux, avec son sosie qui hérite d'une fortune, sur la télé indonésienne, doublé en indonésien... j'ai rien compris mais j'ai suivi les images... et de temps en temps Tuti me donnait une traduction par yahoo... moi ici et elle là-bas, moi sur le pc et elle devant sa télé, on a regardé le film ensemble...

T'as fait quoi hier soir ? J'ai regardé un film avec Tuti à neuf mille kilomètres de distance... 

...pour un tour !

Si ma tête veut bien assimiler qu'on peut pas rester au lit toute la journée... sauf si on est malade, ce qui n'est pas le cas...

Je cherche des porte-clés à ramener lors de mon prochain voyage... où est-ce que je trouve des porte-clés ?

Demain je vais voir chez le marchand de journaux...

Normalement je travaille pas demain, mais comme un collègue part en weekend, je travaille pour le remplacer et j'ai donc pas droit au long weekend...

Lundi on bosse pas non plus ou c'est la journée de solidarité ? Donc je bosse...

Je pouvais ne pas bosser, poser un congé ou faire une journée de grève...

C'est bien lundi la journée de solidarité ? Faut peut-être que je me tienne informé...

J'ai du ménage à faire...

Encore ? Ca devient lassant à la longue... l'appartement veut pas rester propre alors que j'y suis le seul à y vivre...

Bon, y a les chats... m'enfin à part manger, dormir et la litière, c'est pas eux qui font le plus de dégâts...

Alors quoi ? Ca vient d'où tout ça ? Parce que je suis à côté des champs, dans le calme de la campagne ?

Et encore, grâce au printemps frais de ces derniers jours, y a pas de mouches... ou si peu... pratiquement pas...

J'ai aperçu une guêpe l'autre jour...

Quand j'ai fini d'écrire j'attaque le ménage...

Je commence par le coin des chats, ensuite... ensuite je sais pas, je verrai bien...

Je vais balayer et y a toujours un truc qui veut pas suivre la foule...

J'ouvre la fenêtre en grand et je fais attention quand Tigresse s'y installe, ne s'endorme et tombe...

Je me connecterai sur un site web de radio pendant que je nettoie... Nord-Pas-de-Calais, Suisse ou BBC ou encore musique non-stop... du rock par exemple, anglais ou américain...

Les galériens avaient le tambour et le fouet, j'ai le rock... quoique je dirais pas non à de la variété internationale juste pour râler quand y a des chansons françaises...

Je râle pas toujours quand c'est la France qui chante... d'façon je suis pas trop chanson, plutôt causette...

J'ai fermé la fenêtre, ça caille...

Me faut ma douche aussi... une poire toute neuve faut en profiter... et me raser... un rasoir électrique tout neuf faut en profiter...

J'ai oublié d'acheter du lait et des sacs-poubelles... le lait c'est pas grave et je peux en avoir demain, les sacs-poubelles il m'en reste deux ou trois et je peux en avoir demain si j'y pense...

J'arrache le papier-peint... ça fait des années que j'arrache le papier-peint...